Il y a un enjeu missionnaire pour les scouts aujourd’hui !!!

Publié le par Daniel - RS

Enfant « turbulent » du Val-d'Oise, Philippe Thos a grandi dans la « confiance » et découvert la foi par le scoutisme. À 45 ans, ce père de huit enfants est aujourd'hui commissaire des Scouts d'Europe pour le Val-d'Oise, la Seine-Saint-Denis et la Picardie C’est un moment qu’il n’oubliera peut-être jamais. Même si, par pudeur, il contient une émotion profonde.

Dans le petit bureau – un peu – à l’abri de la vie très animée de sa maisonnée à écouen (Val-d’Oise), Philippe Thos , 45 ans, père de huit enfants, se souvient du garçon de 14 ans qui s’est entendu dire pour la première fois : « C’est toi qui vas être chef. » « À partir de ce moment-là, raconte-t-il, je me suis dit : “Il faut que je change. Je ne peux plus faire n’importe quoi.” » « Confier une responsabilité à un jeune de 14 ans, ça fait grandir. » Philippe Thos peut en témoigner. Issu d’une famille populaire bretonne arrivée, comme beaucoup d’autres, en région parisienne dans les années 1960, il est né à Saint-Denis, avant d’habiter une cité de Villepinte, puis de Sarcelles, où il arrive à 11 ans. « On n’était pas spécialement pratiquants, et on ne connaissait pas les Scouts d’Europe. De mon côté, j’étais très turbulent, très difficile, je ne faisais rien à l’école et j’aimais la bagarre, raconte-t-il. Un jour mes parents se sont dit : “Il faut faire quelque chose.” En bas de la cité, il y avait des Guides d’Europe. Et je me suis retrouvé dans la troupe de Scouts d’Europe de Garges-lès-Gonesse/Sarcelles. Cela a tout de suite collé : tout l’apprentissage passait par le jeu. Mes parents demandaient aux chefs : “Alors, comment ça se passe ?” Quand ils répondaient : “Bien”, ils s’étonnaient : “Ah, ce n’est pas le même, alors !” » "Un cadre de confiance" Philippe Thos n’est pas, soudain, devenu « un ange ». « Mais ce qui m’a fait du bien, c’est la rencontre d’adultes bien dans leurs baskets, et un cadre de confiance. Cela m’a d’ailleurs donné confiance, moi, d’avoir été choisi, quand on m’a demandé d’être chef de patrouille… Et petit à petit, j’ai commencé à changer à l’extérieur. Pas seulement aux scouts. » C’est là aussi que l’enfant turbulent découvre le Christ. « Et pour un adolescent, l’apport de la foi c’est extraordinaire », juge-t-il, estimant que l’école scoute apprend un « regard chrétien sur la vie ». Par le jeu, par les engagements, par la promesse et par la messe aussi, les scouts apprennent « des choses qui se trouvent dans l’évangile ».

 Et de sourire : « Chaque paroisse devrait avoir une troupe scoute ! » Le scoutisme, c’est une dette, pour Philippe Thos . D’ailleurs, il ne l’a jamais vraiment quitté. « J’ai tellement reçu de jeunes adultes qui m’ont apporté une ligne de conduite, un certain exemple… J’ai voulu à mon tour faire quelque chose pour les suivants », reconnaît-il. D’abord équipier-pilote, puis assistant chef de troupe, puis chef de troupe. Et à 45 ans, ce père de huit enfants – de 21 ans à 16 mois, ils sont tous scouts, sauf le petit dernier… – est commissaire de la province Pays-de-France des Guides et Scouts d’Europe, qui couvre la région Picardie, les départements du Val-d’Oise et de Seine-Saint-Denis. Pour Philippe Thos, il y a urgence Entre-temps, Philippe Thos a fondé des unités scoutes dans le Val-d’Oise. à Montmorency, par exemple, quand il avait 20 ans, et où « on est passé de cinq scouts à cinq patrouilles ». Mais « pas toujours dans des endroits faciles ». À Luzarches, « c’était plus compliqué, plus difficile, mais ça m’a appris beaucoup ». Puis à écouen, où il habite désormais. La dernière création en date a eu lieu, cette rentrée, à Deuil-la-Barre.

C’est que, pour Philippe Thos, il y a urgence. « Il y a un enjeu missionnaire pour les scouts aujourd’hui, explique-t-il. Le scoutisme ne convient certes pas à tous, mais on se doit de le proposer au maximum de jeunes. De Versailles à Saint-Denis. Il ne faut pas penser que c’est réservé à une catégorie. Mais pour ça, est-ce qu’on se pose les bonnes questions ? Est-ce qu’on ne fait pas un scoutisme un peu trop confortable ? » Et de se référer à l’histoire : « Le scoutisme a toujours cherché à répondre aux problèmes des jeunes. Si Baden-Powell venait, qu’est-ce qu’il en penserait ? On peut se satisfaire d’avoir des effectifs qui augmentent un tout petit peu, oui peut-être », glisse-t il en faisant un peu la moue. « Mais, bon, quand on voit le nombre de jeunes qui n’ont même pas entendu parler du scoutisme, parce que, tout simplement, on n’est pas allé vers eux... », regrette-t-il, en pensant à tous ceux qui, comme lui il y a quelques décennies, pourraient tirer profit d’une telle expérience. Trop frileux, le scoutisme aujourd’hui ? « Il y a la peur de l’inconnu : il faut former les jeunes chefs à aller là où il y a des problèmes.

Et puis, c’est difficile de sortir d’une situation de confort. Mais lancer une troupe scoute dans les quartiers difficiles, c’est dix fois plus passionnant ! » Et de surcroît légitime : « Le scoutisme, c’est un regard qui fait confiance au jeune, alors qu’aujourd’hui on dit : “Il n’est pas capable”, et on ne lui propose rien. » Toujours prêt, oui, "mais pas à faire n'importe quoi" Lui qui a été pompier de Paris, qui a travaillé dans une librairie religieuse, puis a été ajusteur-mécanicien avant d’être aujourd’hui chef des ventes dans un groupe de produits d’entretien, estime que l’expérience scoute peut aussi porter ses fruits dans un contexte professionnel : « Je crois que ça donne un certain sens du service. Un scout est prêt à rendre service. Peut-être plus que d’autres… Mais chrétien ne veut pas dire crétin : “Scout toujours prêt”, certes. Mais pas prêt à faire n’importe quoi », sourit-il. L’expérience est si forte qu’il en reste toujours quelque chose. Philippe Thos se souvient « d’un copain scout » avec qui il allait « en skate au local en bas de la cité de Sarcelles ». Il avait fait seulement deux années de scoutisme et puis avait dû partir à cause de problèmes familiaux. « On n’avait plus eu de nouvelles. Et puis, à 35 ans, il nous a rappelés, nous, ses anciens copains scouts, et nous a dit qu’il avait perdu sa mère et sa sœur et que les deux années de scoutisme avaient été les meilleurs moments de sa vie, raconte-t-il, visiblement ému. Alors, jamais je ne dirai : deux années de scoutisme, ça ne sert à rien ! »

Pierre SCHMIDT

Publié dans Témoignage

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